
Yoann Delwarde

Yoann Delwarde est passionné par son travail, intéressé par l'entrepreneuriat et multiplie les projets professionnels. Directeur commercial à Shanghai, Yoann a une expérience de plusieurs années en business développement. Après avoir créé son club Toastmasters francophone, il devient récemment directeur de division chez Toastmasters. A côté de son activité professionnelle, il aide également des amis chinois à monter leur société et planifie d'ouvrir sa propre entreprise dans le futur dans le domaine du training/coaching.
Yoann revient avec nous sur son expérience et nous explique comment travailler avec les chinois.
Peux-tu te présenter en quelques mots?
Après avoir intégré l'INSA Lyon pour devenir ingénieur, je suis parti en Chine en Février 2014 et ai travaillé à Shanghai comme ingénieur d'affaires. J'avais auparavant déjà vécu à l'étranger notamment en Pologne, en Angleterre et en Irlande. Mais j'aime beaucoup la Chine car c'est un pays avec une culture forte, un respect pour la valeur de la famille, sans oublier qu'il y a des opportunités professionnelles très fortes.
Qu'as-tu appris en travaillant en Chine (d'un point de vue relationnel, professionnel et culturel) ?La culture chinoise et européenne sont différentes à bien des égards. Cela part tout d'abord de l'éducation : par exemple pour passer un examen, un élève français doit avoir une moyenne de 10/20 sur tous les examens. Or, un élève chinois doit avoir 10/20 à l'examen 1 avant de pouvoir prétendre au passage de l'examen 2. Il y a donc une plus grande importance du court terme versus long terme dans le système éducatif. On le voit aussi dans le domaine professionnel où les clients chinois demandent souvent des délais très courts et après attendent parfois des mois avant d'envoyer le contrat final. Il est ainsi indispensable de savoir allier urgence et qualité de réponse. Aussi, les chinois ont en général peur de dire non ou de perdre la face. Ainsi la prise d'initiatives et de responsabilités peut parfois être difficile à inciter. Cependant, et une fois la confiance créée, les collègues travaillent très dur jusqu'à l'obtention des résultats positifs. La question de confiance est essentielle pour obtenir des résultats sur le long terme.
Au cours de ton expérience en Chine, as-tu managé des employés chinois? Si oui, quelle différence perçois-tu dans le management?Oui. Il y a beaucoup de différences dans la manière de manager des chinois par rapport à des européens. La chose la plus importante je pense est qu'il faut toujours faire attention à donner des axes d'amélioration en privé afin de ne pas leur faire "perdre la face" et donc d'éviter toute gêne en public.Il faut savoir aussi jouer sur les sentiments et créer un lien affectif. En effet, pour faire des affaires avec les chinois, il faut d'abord "être amis", ensuite il sera possible de discuter et travailler ensemble. Ce qui est différent en France, où l'on devient plutôt amis après avoir travaillé ensemble.
Tu as créé ton club Toastmaster francophone et es depuis 2016 directeur de zone Toastmasters International. Combien de clubs toastmasters francophones gères-tu sur Shanghai et quel est ton rôle exactement en tant que directeur de zone?
Je manage à ce jour 6 clubs de sociétés internationales sur Shanghai : GE, AMD, TETRAPAK, DBS (bank of Singapore), HONEYWELL et DOW CHEMICAL. Aujourd'hui la majorité des clubs sont communautaires à Shanghai (fondés par des membres et ouverts à tous) mais les clubs corporate se développent de plus en plus. Mon rôle aujourd'hui est de servir les clubs de ma zone en les visitant régulièrement et en donnant des conseils sur les meilleures manières d'organiser leurs évènements, d'attirer plus de membres ou encore d'améliorer la qualité de leurs évènements.Le mois dernier j'ai été élu Directeur de la Division L pour 2017/2018. Je vais diriger une équipe de 6 personnes et nous allons ainsi servir 350 membres provenant de 12 clubs (9 community clubs et 3 corporate clubs) dans le Nord Est de Shanghai.
Quelle est la mission première du club et ses projets futurs? La mission d'un club Toastmasters est la suivante : fournir une expérience d'apprentissage favorable au cours de laquelle les membres pourront améliorer leurs compétences en communication et leadership, ceci afin d'accroître leur confiance en soi et soutenir leur développement personnel. La vision future de cette organisation est : "to be the first-choice provider of dynamic, high-value, experiential communication and leadership skills development".Les projets futurs concernent principalement la pérennisation du club, c'est-à-dire comment attirer et garder des membres talentueux et les motiver pour rentrer dans le comité de direction du club.
Comment se passe un meeting entre les membres Toasmasters et à quelle fréquence s'effectuent les rencontres?Les rencontres sont hebdomadaires ou bimensuelles. Il y a en général trois sessions :- Table topics : improvisations de 1min à 2min30- Discours préparés : faits par les membres de 5 à 7min- Evaluations : Discours de 2min à 3min30 pour encourager les orateurs et également leur donner des axes d'améliorationLe tout dans une ambiance positive et encourageante !
Tu soutiens certains de tes amis chinois dans la création de leur entreprise. Quelles sont les étapes clés pour monter sa boîte en Chine?Le début est toujours une étape clé : la connaissance du marché est toujours la base d'une société. Je conseille fortement aux entrepreneurs d'écouter les personnes chinoises et leur demander leurs challenges afin de lancer un produit. En effet, demander à un pool de consommateurs potentiels leurs idées sur une partie du concept va ainsi permettre à l'entrepreneur d'améliorer le lancement de l'entreprise ou d'un produit.
C'est parfois une habitude française de réfléchir au meilleur produit, en revanche, la mentalité anglo-saxonne ou même chinoise est plutôt axée sur le business, peu importe la solution pour y répondre.
Quels seraient, selon toi, les pièges à éviter lorsque l'on veut monter sa boîte en Chine?Faire un partenariat avec un chinois de mauvaise foi. Le mieux serait de pouvoir travailler sur recommandation pour s'assurer de la fiabilité du partenaire. Il est nécessaire de savoir s'entourer des bonnes personnes!
As-tu des conseils à fournir à de futurs entrepreneurs?Le plus important est de savoir s'entourer de personnes ayant un réseau dans le marché concerné, sans oublier d'essayer de rencontrer d'autres entrepreneurs pour en savoir plus. Il y a beaucoup d'évènements comme China Accelerator ou des évènements à thème pouvant donner des conseils utiles. L'idée n'a pas forcément besoin d'être compliquée, la mise en œuvre est toujours la clé.
Celui qui n'essaye pas n'a aucune chance de réussir, le plus dur est de se lancer. Le fait de le faire en parallèle d'une autre activité peut réduire les risques à deux niveaux: d'une part on limite le risque financier car on a une rentrée d'argent régulière et d'autre part cela permet aussi de diminuer les problèmes possibles de VISAS (la société mère couvrira ainsi les démarches administratives).
Celui qui n'essaye pas n'a aucune chance de réussir, le plus dur est de se lancer. Le fait de le faire en parallèle d'une autre activité peut réduire les risques à deux niveaux: d'une part on limite le risque financier car on a une rentrée d'argent régulière et d'autre part cela permet aussi de diminuer les problèmes possibles de VISAS (la société mère couvrira ainsi les démarches administratives).